Protestations contre la hausse continue des prix du carburant En Bolivie, plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce jeudi pour protester contre la forte hausse des prix du carburant. Quelques heurts ont même brièvement opposés manifestants et forces de l'ordre à La Paz.
Par Cyrielle ABEHSERA (vidéo)
Dépêche (texte) AFP - Le président bolivien Evo Morales, un des leaders de la gauche radicale latino-américaine, affronte son épreuve sociale la plus tendue à ce jour, avec des grèves et manifestations jeudi contre une hausse de carburants, que l'Etat tente d'amortir en dopant les salaires.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les principales villes du pays andin, qui ont tourné au ralenti. La circulation y était anémique en raison d'une grève des transporteurs, qui rejettent le bond des prix à la pompe -entre 73% et 83%- et les répercutent déjà sur les usagers.
A La Paz, des heurts ont brièvement opposé des manifestants à un cordon de police qui barrait l'accès à la Place Murillo, siège de la présidence, et a fait usage de gaz lacrymogènes.
Dans l'immense cite-dortoir d'El Alto, jouxtant la capitale et abritant l'aéroport international, des heurts ont fait 15 blessés, dont deux griévement, dans les rangs de la police qui a arrêté 5 personnes, selon un bilan communiqué par le gouvernement bolivien.
A Cochabamba (centre), d'autres blessés sont à déplorer et 16 personnes ont également été arrêtées, toujours selon le gouvernement.
La mobilisation, qui a aussi perturbé les villes de Santa Cruz (est) et Oruro (sud), ponctue quatre jours de colère sociale depuis un décret dimanche supprimant les subventions d'Etat aux carburants.
Elles maintenaient essence et gazole à des prix artificiellement bas, une "saignée" qui alimentait une "terrible contrebande" vers le Pérou, le Chili ou le Brésil voisins, selon Morales.
Mais les hausses à la pompe ont suscité des peurs paniques de répercussion sur les denrées de base, dans un des pays les moins développés d'Amérique du Sud, où 60% environ de la population vit dans la pauvreté.
Dans les rues du populaire El Alto, le mot "trahison" revenait jeudi sur les lèvres envers le socialiste Morales, porté au pouvoir par les délaissés historiques de la Bolivie, pauvres et Indiens, et réélu triomphalement fin 2009.
Pour les Boliviens, le "gasolinazo", surnom donné au décret "criminel" sur l'essence ("gasolina" en espagnol), va surtout frapper les plus pauvres.
"Habitants, transporteurs, nous sommes tous unis contre le coup bas de ce maudit gouvernement affameur. Tout a augmenté", enrageait Patricia Coyo, une habitante d'El Alto, menaçante: "On l'a fait monter (au pouvoir) mais on peut aussi bien le faire descendre".
"Evo incapable, va t'en au Venezuela !" (de son mentor Hugo Chavez, NDR), "Evo écoute, le peuple a faim !", "Elections, élections !" clamaient quelques banderoles des manifestants.
"L'Evo antilibéral et antimarché a disparu, l'Evo néolibéral et soumis aux règles du marché est né", a ironisé l'opposant et ancien vice-président Victor Hugo Cardenas.
Pour l'opposition, le chef de l'Etat paie la facture d'un premier mandat riche en prébendes sociales financées par le gaz bolivien, mais faible en investissements productifs.
Morales a annoncé mercredi des mesures pour amortir l'impact, dont une hausse de salaires de 20% pour l'armée, la police, la santé, l'éducation. Il a promis une "assurance agricole" pour les paysans pauvres, des primes aux fonctionnaires, une intervention sur certains prix comme le maïs, le riz.
La confédération du secteur privé CEPBE a prévenu qu'"il est impossible de générer de fortes hausses de salaire, faute de compétitivité".
Les annonces n'ont en rien désamorcé la mobilisation, alors que la puissante Centrale ouvrière bolivienne (COB), et l'imposant corps des PME minières prévoient une autre journée d'action lundi.
Les annonces alimentent par contre la peur d'une inflation galopante. Initialement prévue à 5-6% pour 2010, elle devrait atteindre 7 à 8%, "peut-être un peu plus", a concédé Morales.
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